La figure ci-dessous fait apparaître une évolution troublante du prix des actions Suez et Gaz de France dans la période précédant la fixation définitive des termes de la transaction.
[depuis cette date bien sur, le resserrement de l'écart entre les valeurs n'a plus de signification, sinon pour la valorisation financière de la partie environnement de Suez, qui sera "spun off", conformément à la volonté des fonds de pension américains, soutenus par...N. Sarkozy (ah, ce léger parfum de différence avec Dominique de Villepin..., et ce besoin de vassalisation assumée, pour mieux s'ouvrir un accès peu glorieux à un pouvoir si chèrement convoité ]
A partir de la fin octobre 2005, durant les trois mois précédant l'annonce de la fusion privatisation, la "main invisible" frappe, crée et fait mystérieusement croître un écart de cours (déjà plus de 4 euros étaient acquis, soit quatre milliards d'euros, le jour de l'annonce, 39.7 contre 45.21, le 15 janvier 2008 en clôture) entre les cours des actions Suez et Gaz de France. Gaz de France avait été introduit en bourse au lendemain du référendum de 2005.
La loi du 9 août 2004, présentée par Nicolas Sarkozy, alors Ministre des Finances, avait transformé EDF et GDF, jusque là et depuis 1946, établissements publics, en sociétés anonymes.
On devait alors entendre ces phrases historiques :
« Dans la foulée de ce qu’a dit le Premier ministre, je redis qu’EDF et GDF ne seront pas privatisés » propos de M. Nicolas Sarkozy, ministre de l’Economie, des Finances et de l’industrie, à l’Assemblée nationale, 6 avril 2004.
« Je l’affirme parce que c’est un engagement du Gouvernement : EDF et Gaz de France ne seront pas privatisés. (...) Le Président de la République l’a rappelé solennellement lors du conseil des ministres au cours duquel fut adopté le projet. Mieux, le Gouvernement acceptera l’amendement du rapporteur prévoyant de porter de 50 % à 70 % le taux minimum de détention du capital d’EDF et de Gaz de France. » Propos de M. Nicolas Sarkozy à l’Assemblée nationale, 15 juin 2004.
Quelque temps plus tard, livrée désormais désarmée aux mécanismes de la pure finance et à ses objectifs, Gaz de France est sur le point d'être privatisée et le flux de ses recettes asservi à une logique financière.
Cerise sur le gâteau : quelques milliards supplémentaires tomberont dans la pôche des actionnaires de Suez à l'heure de la privatisation, en raison de ces mystérieuses variations de cours !
Qui paie ? les millions d'usagers du gaz et de l'électricité
Qui touche ? ...
Paul Ramadier, rapporteur de la loi sur l'électricité et le gaz en 1946, déclarait :
" Le capital qui dirigeait l'affaire cède la place à la nation [...] le but de l'entreprise est profondément affecté par cette mutation : il ne réside plus dans le profit, mais dans le service public."
Sarkozy s'est trompé de bouton. C'est en arrière que le film repasse aujourd'hui....une très vieille histoire qui nous est contée à nouveau, en accéléré. Dont on connait déjà malheureusement l'issue...